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C’est en 1276 que pour la première fois on fait état d’une procession en l’honneur de sainte Gertrude, procession qui devait être bien antérieure à cette date.

Elle a lieu le jour de fête de saint Michel, le 29 septembre si ce jour est un dimanche sinon le dimanche qui suit.

Selon certains historiens, saint Michel aurait été à l’origine le patron de Nivelles et, vu le culte porté très tôt à sainte Gertrude, cette procession a bien vite été établie en vénération de la sainte locale. Rien n’est moins sûr quant à cette affirmation et l’origine reste mystérieuse.

Il est sûr que, dès son décès, Gertrude fut proclamée « sainte » par la foi populaire car très vite sont constatés des miracles dus à son intervention. C’est au 13e siècle que deux bulles papales d’Honorius reconnaissent officiellement son culte et que le pape accorde de chanter le 17 mars, en plein carême, un Te Deum de reconnaissance.

On peut ainsi conclure comme R Hanon de Louvet le suggère dans sa  contribution à l’histoire de la ville de Nivelles   « qu’à l’occasion d’un événement mémorable dont ni l’histoire ni la tradition n’ont gardé le souvenir (ce qui permet de le croire très ancien), la dépouille mortelle de sainte Gertrude, relique vénérée depuis le siècle de sa mort fut portée en procession dans et hors de la ville un 29 septembre jour de la saint Michel de l’an… Renouvelé les années suivantes, ce long tour auquel toute la population prenait part fut commémoratif et entra dans la coutume. »

Cette coutume devient un événement incontournable dans la vie de la cité et n’est pas qu’une manifestation exclusivement religieuse. Elle favorise des activités économiques elle est l’occasion d’organiser une foire d’inviter des personnalités enfin de faire la fête.

NB En 1962 une nouvelle règle liturgique interdit, en carême, la célébration des fêtes de troisième classe. En conséquence de doyen Huybrechts demande que la sainte soit reconnue patronne de Nivelles, n’étant jusqu’alors que patronne de la collégiale. Le privilège est accordé le 13 avril 1962 par le cardinal secrétaire de la sacrée congrégation des rites .Rien ne s’oppose donc plus à la célébration de la fête le 17 mars avec tous les droits et privilèges liturgiques revenant aux patrons locaux.

 

Lors de la rentrée, chacun peut et se doit de se montrer et affirmer son pouvoir. Escortés des archers et arbalétriers le grand bailly du Roman païs de Brabant, représentant le duc de Brabant, les nobles seigneurs et leurs dames ,les marchands nivellois et leur prévôt, les doyens des métiers ,le maïeur de Nivelles et les échevins nommés par l’abbesse, les jurés et rentiers de la ville, le prévôt du chapitre et ses chanoines et bien sûr Madame l’abbesse seigneur de Nivelles et ses chanoinesses rentrent en grande pompe dans la collégiale.

Le rituel est important, si l’abbesse détient le corps de la sainte il faut faire une démarche pour l’obtenir en vue d’organiser la procession .Au XIVe siècle les jurés et les métiers en sont chargés. Aujourd’hui comme hier le clergé est en possession du corps de sainte Gertrude mais la sainte appartient à l’ensemble des nivellois. Le matin du jour de la fête le doyen remet encore symboliquement la châsse à la garde du bourgmestre qui s’engage à la protéger .En fin d’après midi le bourgmestre lui remet le trésor jusqu’à l’année prochaine. Par cette procession circulaire autour de la ville la protection est acquise pour tous, religieux et civils.

Au XIVe siècle c’est le chapitre et le pouvoir urbain qui organisent l’événement.

Une chanoinesse et un chanoine sont commis à la chose comme « maître et maîtresse » de la procession .Il y a lieu de vérifier la châsse d’inspecter le char, recruter des chevaux, convoquer les musiciens faire procéder à la taille des bâtons pour les pélerins.La veille il faut encore vérifier l’état des chemins.

Au XVe siècle   des dissensions apparaissent au niveau communal le gouvernement religieux s’enlise dans une organisation obsolète s’opposant à toute réforme. Enfin le régime autrichien, dans le cadre de sa politique, met un terme à toute procession .En 1793 tout est terminé.

Le tour est rétabli au début du XIXe siècle en affirmant un caractère nettement plus religieux et ce n’est qu’au XXe siècle qu’il reprend l’aspect ancestral et restitue lors de la rentrée solennelle son décorum d’autrefois.

Aujourd’hui l’organisation du tour est confiée à un comité, tous sont des bénévoles qui ont soin de perpétuer la tradition. Toute l’année chacun a sa tache : confectionner les costumes, organiser les groupes, être attentif à l’itinéraire, inspecter le matériel ou prévoir la réception des pèlerins. Et la veille, aussi il y a lieu de vérifier l’itinéraire.

En mai 2004 le tour de sainte Gertrude est repris comme « chef d’œuvre oral et immatériel du patrimoine de la Communauté française ».

Pierre Chantraine.